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Clarissa Rivière
13 juillet 2023

Tel est pris qui croyait prendre

 

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   Cette sculpture admirée récemment au Petit palais m'a donnée envie d'écrire un conte mythologique détourné 😋
   (de loin, j'ai cru voir une métamorphose de Zeus, avant de remarquer l'arc d'Artemis ) :
   Zeus, fidèle à ses habitudes, repérait de son regard d'aigle les jeunes beautés terrestres. Il jeta son dévolu sur une créature gracile comme une liane, nue comme au premier jour ; elle venait de se baigner dans un ruisseau. Il fondit sur elle, toutes ailes déployées, majestueux et magnifique ; irrésistible ! A peine posé, il la prit aussitôt sous son aile... et se fit rudement rabrouer comme un vulgaire pigeon. Il ne s'agissait pas cette fois d'une nymphe effarouchée et pure, mais d'une guerrière affranchie qui eut tôt fait de le maîtriser. Elle lui grimpa dessus sans façon, le maintenant fermement entre ses cuisses, et, d'un coup de pied dans les flancs, s'envola avec lui.
   Ils s'accouplèrent sauvagement dans les cieux, des plumes volèrent de toute parts, les divines serres griffèrent et lacérèrent la peau tendre de la guerrière, le bec royal la picora et la dévora, tandis que des plumes soyeuses la caressaient, apaisant ses chairs meurtries... Elle en redemandait, étranglant à demi le malheureux oiseau pour éviter la chute tant ils tournoyaient dans les airs.
   Elle chevaucha son dieu jusqu'à l'épuiser, avant de le forcer à voler toujours plus haut, jusqu'à l'olympe, où elle négocia son immortalité férocement. Grinçant des dents, Zeus ravala sa fierté, bien obligé d'accepter sans esclandre - Hera rodait dans les parages, aux aguets. Il s'empressa d'éloigner la belliqueuse jeune fille en la confiant à Athéna ; elles ne seraient pas trop de deux pour gérer les conflits des mortels.
   Coup de foudre immédiat entre la déesse de la guerre et la jeune déesse fraîchement promue ! Les affaires des hommes furent délaissées tant elles s'enlacaient et s'embrassaient. Ares fut bientôt convié pour combler tous leurs appétits, et il s'en trouva bien.
   Orphelins, désarmés, les hommes au front suppliaient et priaient Athéna ou Ares en vain. Contre toute attente, Aphrodite se présenta - Athéna et son comparse étaient pris, et bien pris, elle allait régler les guerres entre mortels à sa façon. Elle adressa aux hommes en pâmoison un sourire ravageur. Quelques râles se firent entendre, les cœurs les plus sensibles se briserent sur le champ -- mais quelle plus belle façon de mourir que de mourir d'amour pour sa déesse ! Sa voix enchanteresse envoûta les plus endurcis, ils gémissaient à pierre fendre, tandis que d'autres se tordaient les mains et s'arrachaient les cheveux, pris dans les tourments d'un amour surnaturel éternel. Les armes chutèrent lourdement sur le sol dans les deux camps, dans une cacophonie de métal.
   - Le temps des guerres est révolu, le temps est venu de vous aimer les uns les autres... Serrez vous la main en bons amis et embrassez vous pour obéir à votre déesse... mieux que ça, de tout votre cœur, de toute votre bouche... Voilà ! Il n'y a plus d'ennemis, je ne vois que des amis et des amants... Je vous laisse à présent, avant que vous ne succombiez tous à mes charmes, faibles mortels.
   Des cris, des pleurs, des lamentations et des déclarations se firent entendre, tandis que des offrandes étaient jetées en pagaille à ses pieds.
   - Vous n'auriez pas un joli pâtre à me sacrifier plutôt ? Je n'ai que faire de vos louanges et de vos victuailles. Amenez le ici à minuit au plus tard ! Vivant, cela va sans dire... Ensuite, remballez vos épées et rentrez chez vos épouses ou vos mères sécher leurs larmes et vous racheter. .
   Aphrodite fit ainsi le tour des conflits du monde pour répandre sa bonne parole, puis elle conduisit son troupeau de pâtres de toutes les contrées et de toutes les couleurs dans une grotte isolée pour les aimer et s'en régaler à l'abri des regards.
***
La mythologie ! L'occasion, enfin, d'écrire des histoires inter espèces (je suis toujours sous étroite surveillance, je pense que le mot z*** ne passerait pas 😅)
- Sculpture de Georges Bareau, Diane chasseresse et l'aigle Hebe
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