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Clarissa Rivière
3 juin 2023

Coïncidence

 

train carré

   Julien G. , un ami Facebook fétichiste des pieds, m'a écrit une histoire (un fantasme peut-être ?), inspiré de mon récit d'un voyage en train. Elle m'a bien plu, j'ai envie de la recopier ici :

 ***

 

   Je monte dans ce train qui m'amène à Nice. 6h de trajet, assis sûrement dans un carré encore, avec des voisins envahissants et peu aimables. Enfin, c'est comme ça, c'est le job, il faut le faire. Arrivé à ma place, heureuse surprise : une seule personne déjà présente, une dame plongée dans sa lecture. Je jette un coup d'oeil au livre, mais ne reconnais ni l'auteure ni le roman. La couverture laisse suggérer une lecture osée.
  J'installe mon PC, décidé à traiter quelques dossiers. Cependant, mon esprit cogite : cette dame, son visage me parle, je l'ai déjà croisée ? Au travail ? pote de pote ? client ? fournisseur ? ... et tout d'un coup, tilt ! Un rapide check sur mon téléphone et sur FB, oui ! J'ai la chance d'avoir en face de moi Madame Rivière. Je me sens rougir, et j'ai l'impression d'être épié dans mes mouvements – certainement un effet de mon imagination. Mon esprit s’échauffe, mes sens aussi, je sens que je perds mes moyens. Je ferme un instant les yeux, respire, et échafaude un plan pour réussir à l’aborder. Et soudain une idée me vient. Je laisse passer un peu de temps, fais semblant de travailler. Je relève la tête, me tourne vers ma voisine.
  — Je vous demande pardon Madame.
  — Oui ?
  — Cela vous embête si je me déchausse, immobile comme ça, j'ai les pieds qui gonflent. Je vous rassure mes pieds sentent la rose !
  J'accompagne ma tirade de mon plus joli sourire de soumis. Enfin, j’essaye.
  Madame Rivière étouffe un petit rire de sa main.
  — Pas de problème, et naturellement je vais faire de même, vous n'y voyez pas d'inconvénient ? me répond-elle du tac au tac.
  Le ton est doux, mais ferme, et ne laisse pas de place à la contradiction. Dans tous les cas, ce n'est pas mon souhait.   

  Les kilomètres s'enchaînent, je ne suis absolument pas concentré sur mon travail. Je me lance à nouveau :
  — Ce qu'il manque dans ces trains, c'est un petit salon de massage, qu'en pensez-vous ?
  —  Oh oui alors ! Je rêve d'un massage de pied, qui me détende jusqu'à l'arrivée.
  L'occasion est trop belle, je n’hésite plus.
  — Peut être pourrais-je Madame, vous faire profiter de mes mains sur vos pieds ?
  Sa réponse fuse, impérative :
  — Allez-y !
  Je me penche en avant, passe ma main derrière chacune des chevilles de Madame, remonte ses pieds pour les poser sur ma cuisse. Notre manège ne semble pas passer inaperçu, mais je m'en fiche ! Cependant, par respect pour Madame qui pourrait s’alarmer, je pose mon gilet sur ses pieds afin de cacher mes agissements. Je commence à passer mes mains et mes doigts sur ses pieds, sentant la fibre de ses collants sur ma peau. Je cherche à mieux appréhender le contour de ses pieds, à lui apporter un peu de détente pour pouvoir ensuite appuyer plus fermement. Je vois Madame fermer son livre, le poser, et planter ses yeux dans les miens, tandis qu'un doux sourire se dessine sur ses lèvres. Je poursuis ma tâche, mon plaisir aussi : masser de mes doigts ses pieds, parcourir sa plante, chercher les muscles pour les détendre et jouer avec eux. Faire des va-et-vient sur sa peau, ne laisser aucun centimètre carré sans massage et caresse. Je remonte délicatement vers ses chevilles, les entoure de mes mains, presse sa peau. Redescendant sur le dessus de son pied, j’arrive à ses orteils. L’envie de les prendre en bouche me prend, mais je n’ose passer à l’acte : que dirait-elle ? Et puis j’avoue que la présence des autres voyageurs me bloque aussi… Pour autant, je masse délicatement chacun de ses orteils, un pied après l’autre, un orteil après l’autre. 

   Le paysage défile, le temps passe, il s’est immobilisé. Je me sens dans un autre monde, très détendu, même si les muscles de mes mains commencent à fatiguer. Peu importe, ce moment est enivrant. De son côté, Madame a l’air complètement détendue, reposée dans son fauteuil ; j’en suis ravi. Le contrôleur annonce notre arrivée imminente à la prochaine gare. Ma Dame rouvre les yeux, retire ses pieds sans un mot. D’un geste lent, elle remet ses chaussures avant de ranger ses affaires, comme à regret. À l’arrêt du train, se levant, elle me jette un long regard accompagné d’un de ses doux sourires, et s’en va sans un mot.
   Le voyage reprend, un mouvement brusque du train me réveille. Oh non ! Ce n’était qu’un rêve, quel dommage… Ni une ni deux, voulant retrouver ces moments et continuer de sentir le nylon et les pieds de Madame entre mes mains, je referme les yeux et me rendors.
  Cette fois, c’est ma gare qui est annoncée, Nice, terminus du train ! Je me réveille en sursaut, rassemble mes affaires, vérifie que je n’oublie rien comme m’y invite la voix artificielle du TGV. Tiens, quelque chose est tombé : le livre que lisait Madame Rivière ! Je le considère un instant, incrédule ; peut-être suis-je toujours en train de rêver, elle va réapparaître soudainement et réclamer son livre... J'hésite quelques instants de trop sans doute, car j’entends la sonnerie du TGV annonçant la fermeture des portes. Je sursaute, me voilà bien réveillé tout à coup ! Et inquiet des conséquences, je risque de me retrouver au dépot. Mais rien ne peut me altérer ma joie... Entre rêve et réalité, je serre contre mon cœur le livre, imaginant déjà le moment où je vais le rendre à sa propriétaire.

                                                       Julien  G

 

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