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Clarissa Rivière
20 avril 2017

Les dragueurs de rue

 

amicalement votre  

   Avec la saison estivale, ils avaient fait leur grand retour, traînant dans les rues, aux terrasses des cafés, le regard aux aguets... - comme nous au fait ;-) - et j'ai eu envie de leur consacrer un billet avant qu'ils ne disparaissent totalement avec les premiers frimas...

   Attention, article non politiquement correct ! Je vais peut-être me prendre des tomates, des sermons, perdre des amis, des followers, des abonnés... mais peut-être aussi ne se passera-t-il rien du tout, car les gens ont quand même d'autres chats à fouetter que lire et commenter, et ils savent que je veux juste bavarder, m'amuser, provoquer un chouïa.

   Il est souvent question dans l'actualité et les réseaux sociaux du "harcèlement de rue", et je m'insurge bien sûr contre cette façon de traiter les femmes. Je voudrais parler ici de sa version soft, ludique et drôle, ringarde et lourde : « la drague de rue », avec quelques (mes)aventures personnelles, des petits signes du quotidien qui font sourire, et même plaisir parfois (Et oui, j'avoue un faible pour le pathétique dragueur de rue traditionnel, inoffensif tant qu'il n'insiste pas ;-) ) - Il paraît d'ailleurs que dans les pays du Nord, ce sont les femmes qui draguent, voire harcellent. Je serais curieuse de voir ça !

  Je me pose une question, et j'ai envie de la poser aussi en toute amitié à mes amies (Je vais encore recevoir des tomates moi 😉) :

   Fichier 02-05-2017 21 20 33 Pourquoi les hommes n'auraient-ils le droit de nous aborder uniquement dans les endroits "prévus pour" (boîtes de nuit, soirées, bars, apéros, after, before, et compagnie ...), et même d'entrer en contact proche, presque intime, avec nous en nous invitant à danser (ce n'est pas rien le contact de la main d'un inconnu dans la notre, autour de notre taille... plein de choses "passent" sous le prétexte d'un rock innocent, on tient une main chaude, douce, calleuse, moite, molle ou tonique... on sait tout de suite si "ça pourrait le faire ou pas" 😉)
    Pourquoi leur refuser un café en journée et les laisser nous prendre la main le soir dans les soirées dansantes ou autres ?
 
   Je pense connaître la réponse en réalité : il y a un temps pour tout, on est "dispo", open, in the mood, ou non... mais attention à ne pas passer à côté d'une belle histoire en ignorant les hommes de la journée... Les hommes de la nuit sont souvent bien moins recommandables 😉 (et c'est tant mieux aussi !)

   Le métro, la rue, les services publics, les magasins et les cafés, ces terres d'aventure peuvent se révéler pleines de surprises ! (Le train et les avions aussi, mais c’est une autre histoire… Heureux ceux qui voyagent seuls ! Il y a enfin les réseaux sociaux, sources inépuisables d'anecdotes, y crompris ceux où on s'y attend le moins, comme Linked-in, mais ce sont d'autres histoires également....)

***

  Un échantillon de ma petite collection personnelle d'anecdotes, dispersée dans mes notes de téléphone et dans des carnets, pour les garder en mémoire : - car cela me donne des idées d'histoires, de "débuts", et me permet de résoudre ce grand mystère : comment se rencontre-t-on ?

   Un matin, alors que j'avance d'un pas vif vers le métro, un son grave digne d’une corne de brume me fait sursauter. Je tourne la tête et découvre avec stupeur un immense camion à l’américaine, haut comme une maison, avec ses chromes rutilants. Il n’a pas sa remorque mais reste impressionnant. Dans la cabine trône un camionneur bedonnant et réjoui, il me fait un grand sourire avec un petit salut militaire, et me gratifie d'un nouveau coup de klaxon sonore et grave à me faire vibrer des pieds à la tête. Je me sens à la fois gênée et pleine d’allégresse. Je le salue à mon tour et m’empresse de m’engouffrer dans l'escalier du métro pour disparaître de son champ de vision.

    Il y a ces SDF que je croise régulièrement, des SDF « à l’ancienne », qui partagent une bouteille de rouge, assis sur un banc public. Ils discutent et rient ensemble. Ils me reconnaissent, à force, et me lancent des compliments égrillards à la volée, du style « Oh le beau petit chaperon rouge ! Le joli chapeau ! ». On se connaît de mieux en mieux, et nos échanges s’étoffent « Vous allez bien ? Bonne journée alors ! Vous voulez trinquer ? » Merci, la prochaine fois peut-être !

     Un jour, le regard intense d'un inconnu dans le métro pendant quelques stations jusqu'à ce qu'il se sauve en déposant sur mes genoux son numéro griffonné sur un ticket, avec un petit mot tout tordu « vous êtes très jolie ». Lui non par contre, nous en sommes restés là. 

    Un homme assis sur un banc public, romantique à sa façon ;-)
    — Mademoiselle (hum hum, là, déjà, ça sent le dragueur de rue professionnel...) ! Vous avez fait tomber quelque chose !
    Je me retourne vivement, ayant l’habitude de perdre mon chapeau, mon écharpe…
    — Vous avez fait tomber mon cœur !
    Il rit, ravi de son petit effet.

    Un autre, tout blanc de timidité, gauche, se tordant les mains dans la rue
    — Je vous ai suivi car je vous ai trouvé charmante, je ne fais jamais ça d’habitude (mouais), je peux vous inviter à prendre un café ?
    — Désolée je n’ai pas le temps !
    Et ensuite, sûrement pour me convaincre et me rassurer :
   — Je suis fonctionnaire au ministère de la Défense (sic), tenez voici mon numéro. 
   (c'est sûr, ça fait rêver, me voilà conquise... )

   Dans un café désert, pres des Halles : J'entre et demande au serveur :
   — Bonjour, un café allongé s'il vous plaît !
   Il me regarde d'un air taquin, et me répond, goguenard :
   — Et vous voulez vous allonger où ?
   Il est plutôt pas mal, et je ne peux m'empêcher de glousser.
   — Pas tout de suite quand même, laissez-moi déguster mon café !

   En sortant d'un café, en même temps qu'un inconnu : pluie diluvienne. On reste à l'abri sous la tenture de la terrasse et on grimace de concert en échangeant quelques propos sur la météo. L'averse se prolonge et l'homme me propose "bon, on retourne à l'intérieur, je vous offre un café ?"

    Dans une rue déserte, quelqu'un appelle de toutes ses forces "Marie, Marie !! ", j'entends des pas courir derrière moi, se rapprocher... curieuse, je me retourne et je tombe nez à nez avec un homme tout surpris "oh, pardon, vous ressemblez beaucoup à quelqu'un... le même chapeau rouge...". Il continue de me regarder, un peu fixement, visiblement ravi que je ne sois pas Marie finalement. Il rit, tient des propos oiseux sur le hasard, le destin... mouais... "et sinon, vous auriez le temps de prendre un café ?"

    En faisant une procuration pour voter, dans le commissariat désert, le policier est d'humeur guillerette :
   — Oh, mais c'est un nom du Sud-Ouest ça ! Mmmm, le confit de canard, le Montbazillac... Vous nous rapportez une bouteille bientôt ? Je compte sur vous !

   — Promis ! On fêtera le résultat des élections - j'espère !
   Clins d'oeil égrillards, je m'enfuis. Trop sexy ce policier barbu aux yeux rieurs et aux joues de gourmand ! Si j'osais... Ah les héros en uniforme !

   Dans le petit café de mon quartier, presque mon QG (mais je vais devoir changer), le patron, se penche vers moi et me susurre, d'une voix gouailleuse, tellement basse que je dois le faire répéter deux fois "Je peux vous poser une question ? C'est quoi le remède pour être si belle". Sic. Pas sûre d'avoir compris la question ;-)

   Devant le rayon dentifrices de Monoprix, un homme se plante devant moi et m'adresse la parole, malgré mon casque vissé sur les oreilles. Il désigne le dentifrice que je tiens à la main "très bon choix, je suis médecin". Puis, sans transition "êtes-vous heureuse" ? Là, j'ai accepté de prendre un café, un ami m'avait posé exactement la même question la veille, ça m'a fait bizarre, il faut croire aux signes parfois. Et puis, j'avais une heure à tuer.

   Dans la rue en vacances, "Bonjour, vous êtes du coin ? mon téléphone n'a plus de batterie, vous savez où se trouve la rue truc ? Vous connaissez des endroits pour faire la fête ici ? Vous venez avec moi ?". Et hop, il me pique mon téléphone et s'enregistre dans mes contacts. Un instant, j'ai cru qu'il allait me le voler pour de bon ! Certains n'ont peur de rien... Il faut dire qu'être beau comme un surfer aide un peu.

   Cet été, un homme me salue, je m'arrête et le considère, il a l'air de me connaître, il poursuit, tout sourires "Vous venez d'être élue la plus belle femme de la côte Basque !" (Le pouvoir des grandes capelines)

   En haut d'un escalator : "vous voulez bien aller à l'hôtel avec moi ?". Simple, direct, sans ambiguïté. Non merci ! - Peut-être qu'une fois sur cent mille ça marche ? (Le pouvoir des statistiques)

   Le nez en l'air, nous sommes deux à photographier le même monument. Il se lance : " Magnifique cette cathédrale ! Vous connaissez l'église Lambda ? Non ? Je vous y emmène si vous voulez...". Why not.

   Dans les couloirs du métro, un homme jovial et réjouit m'interpelle malgré mon casque " Il faut oser s'habiller en rouge ! C'est audacieux et en plus ça vous va très bien !" Jene me savais pas si intrépide !

 

 

Photos : Série Amicalement Votre, humoriste Notstephan

 

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