Le pouvoir des lettres d’amour

    Lire les recueils de Lettres d’amour (ed. DesLettres ) m’a donné envie de m’offrir un voyage dans le passé, de relire les lettres d’amour reçues il y a longtemps. Je ne les ai jamais oubliées, je les ais toujours gardées, précieusement, y pensant parfois. Sans jamais les relire sauf une fois. J’avais éprouvé leur pouvoir alors. Littéralement foudroyée, toute ma vie en avait été bouleversée. Mais j’ai oublié depuis.   

    Je savais qu’elles étaient belles, m’avaient émues, transportée de joie à l’époque. J’ai eu envie de les relire, après avoir lu tant de lettres magnifiques, avec un œil de lectrice, d’écrivaine? Je voulais apprécier leur style à la lumière de tout ce que j’ai lu et aimé  dans ces recueils. Si elles étaient aussi belles que dans mon souvenir, peut-être pourrais-je les retranscrire, en faire quelque chose… qui sait…

    J’en ouvre une au hasard… le choc est immédiat. C’est trop dur de relire ses mots passionnés d’amoureux fou. Je passe vite à la suivante, je lis des extraits dans le désordre, sans parvenir à me plonger vraiment dans leur lecture. Revoir l'écriture aimée participe me touche aussi. Je me souviens de ma fébrilité en les ouvrant. Tout me revient en mémoire. L’émotion me submerge, j’ai envie de pleurer. Je réussis à rire, nerveusement, de joie, d’émotion, de bonheur. Mon cœur se serre, il est transpercé…. je suis toute oppressée, je retombe amoureuse, sans espoir, car l’auteur de ces lettres, un tout jeune homme, n’existe plus.

    Ca me fait drôle de ressentir tout ça à nouveau, de façon si intense… ce moment où l’on tombe amoureuse, où le cœur se serre, se tord... ça fait mal et en même temps on déborde de bonheur. Ces incroyables sensations de chute libre, cette faiblesse généralisée, la tête qui tourne et le cœur qui n’en finit plus d’être pressé au point de vous empêcher de respirer. Je ne pensais pas le vivre à nouveau un jour puisque j’ai la chance de vivre avec lui, l’auteur de ces terribles lettres.

    Il est là, en face de moi, concentré sur son ordinateur, inconscient de la tempête de mon cœur. Il m’entend retenir un fou rire et s’intrigue, pense à des blagues sur Facebook, se tourne vers moi. J’ai envie de lui sauter au cou, de l’embrasser fougueusement, de me serrer fort contre lui. Je ne dis rien, je ne veux pas le déranger, l’embarrasser. Il n’est pas du tout dans le même esprit que moi jusqu’à ce que n'en pouvant plus, je me jette éperdue dans ses bras.

    Ne déchirez pas vos lettres d’amour,

    Relisez-les…

    Et retombez amoureux !

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Illustration : La lettre d'amour, de Jean-Honoré Fragonard