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Clarissa Rivière
26 juin 2023

La Nuit Dèmonia Love has no borders 2

 

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   Le plaisir de la soirée commence dès la traversée du pont Alexandre III, avec la tour Eiffel au loin, dans cette douce lumière ocre d’un soir d’été. Je m’arrête un instant pour prendre quelques photos, heureuse de cet instant seule, avant la soirée tumultueuse qui m’attend. Tiens, je vais prendre un selfie aussi avec la tour Eiffel en arrière-plan. Un homme m’adresse la parole et me surprend en plein élan.

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   — Je crois que nous allons à la même soirée ?
  J’ai enfilé une robe décente au-dessus de ma tenue fetish, mais je suis trahie par mon collier de cuir !
  Nous lions aussitôt connaissance - notre goût commun pour les activités fetish-bdsm, source d’intarissables échanges ; les soirées en particulier ! Nous connaissons les mêmes, mais nous ne nous sommes jamais croisés encore. C’est sa première Dèmonia... De mon côté, c’est loin d’être le cas, mais je me sens frétillante de joie des pieds à la tête ! L’impatience délicieuse qui précède la soirée, et le meilleur est à venir…
  J’arrive avec une bonne demi-heure d’avance sur place, je retrouve déjà des amis, nous traînons et bavardons ensemble, devant ce qui s’avère en fait la "sortie".  Des jeunes filles armées de cravaches patrouillent pour orienter les étourdis. Nous n’étions pas au bon endroit ! Et l’on peut déjà entrer se changer…
  Je reconnais des membres du staff à l’accueil, souriants et attentionnés ; je me sens comme une princesse ! (l’avantage d’arriver parmi les premières 😉 ) Dans le vestiaire, quelques personnes s’affairent déjà, dont une amie pleine d’énergie ; elle se métamorphose sous mes yeux telle Wonder woman en une somptueuse reine fetish d’été, avec son bikini de vinyle.
  Je suis déjà prête, j’ai envie de courir le long du couloir, dans ma hâte de retrouver les lumières du Faust, je me retiens à grand-peine. Le temps de déposer mon sac, et j’entre enfin dans ce lieu que l’on adore ! Les souvenirs affluent comme un tsunami… et je compte bien en rajouter quelques uns 😉
  On a aimé découvrir d’autres lieux : le T7, le Yoyo… mais retourner au Faust, c’est comme retrouver la maison, en tout cas pour les " anciens" dont je suis ! (même si les grands anciens évoquent encore et toujours les Crayères que j’ai eu de la chance de connaître in extremis avant le couperet final).

   Le Faust convient si bien à nos activités coupables 😉 : son nom déjà, ses hauts murs de pierre, ses alcôves, et ses lumières féériques au dessus de nos têtes sur la grande piste de danse, qui clignotent en rythme avec la musique. J’ai déjà envie de danser tant j’aime le son, mais l’envie d'explorer prend le dessus. Petite visite :
  - Parallèle à l’immense piste de danse, la grande salle de jeux est magnifiquement équipée de cages, de croix de St André, de bancs à fessée… et bordée de quelques canapés judicieusement disposés face aux installations.
  - Dans une alcôve au fond, Pat a installé son salon de massage BDSM. Je suis ravie de le revoir ! Je parie qu’il ne va pas arrêter de masser toute cette nuit, je vais éviter de m’incruster, sachant que je peux profiter de ses mains lors de soirées plus intimistes. Beaucoup de provinciaux, et même des étrangers, fréquentent la Nuit Dèmonia, à eux l’honneur !
  - Dans l’alcôve voisine, l’association PariS-M a installé son stand, et distribue des informations et des préservatifs  - un signe pour nous dire que tout est permis ce soir ? J’y vois un encouragement pour les plus audacieux 😉 Un ami me demande où se situe la "dark room". Je balaie la pièce d’un geste vague de la main :  c’est la salle toute entière ! Il ouvre de grands yeux, lui qui est habitué aux petites pièces discrètes à l’écart, souvent cachées par un rideau.
  - Au fond de la piste de danse, un long bar nous attend.
  - Cette fois, l’espace fumeur est complètement extérieur, sous de vastes parasols - pincement de nostalgie en pensant à l'ancien espace fumeur du Faust, une véritable soirée dans la soirée. Mais se retrouver complètement dehors, si près de la Seine, a aussi son charme.
  - Enfin, à l'autre bout de la piste : la scène, la DJ et ses platines, et derrière elle, l'espace VIP et ses canapés.

   On est ravis de se retrouver entre amis, on échange déjà des souvenirs (les soirées précédentes), et nos projets (les prochaines soirées, les vacances au Cap pour certains – les veinards !). Nos photographes préférés sont là, et nous prenons la pose entre amis. J’ai toujours un rapport paradoxal avec les photos : j’adore regarder les photos après les événements, avoir des photos souvenirs, en partager certaines – mon côté exhib. Mais sur le moment, quel trac ! Surtout quand ce sont des photographes très connus, qui font habituellement poser de superbes modèles ! Certains sont devenus comme des amis, je me sens plus à l’aise pour poser et tente de me décrisper. L’un d’entre eux, taquin, me propose de danser lentement, afin d’obtenir une photo plus "naturelle". Il m’invite à danser carrément sur l’estrade, ce sera mieux avec les lumières. J’hésite un peu, avant de me décider ; il n’y a presque personne encore sur la piste, tout le monde s’est massé au fond près du bar, c’est le moment où jamais. Je relève le défi, que dis-je, l’épreuve BDSM, et me voilà me déhanchant sur l’estrade ^^ La soirée commence bien ! - Petit regret, j’avais prévu un masque de cuir façon super héroïne, mais vu la chaleur, il est resté autour de ma taille et je l’ai oublié. J’aurais pu faire l’effort de le mettre au moins pour les photos !
  La suite de la soirée est un tourbillon de rencontres, de shows, et de musique ! Tout se mélange déjà, comme un rêve qui se dissout au réveil, avec quelques images étincelantes de netteté qui se détachent de ce brouillard. ( ce lyrisme ;-) )

  La Nuit Dèmonia, c’est d’abord le défilé des tenues fetish les plus extravagantes ! L’un des grands plaisirs est de déambuler sans fin, et de regarder. Je pense par exemple à cette reine de la nuit tout de rouge vêtue ; à mon amie créatrice d’accessoires qui est venue me caresser un instant le visage et le cou de son sabre laser manié avec art ; à cet homme vêtu de roses, ou cet autre avec des cornes d’une hauteur vertigineuse… J’admire aussi longuement une jeune femme simplement vêtue de peinture bleue scintillante en train de danser ; une œuvre d’art vivante ! Mon goût des uniformes est comblé par la vision d’une casquette, et je m'attarde un instant auprès de cette casquette, m’enquérant de son origine. (Hélas, son propriétaire a renoncé à la veste aux épaulettes, redoutant la chaleur – ce que je peux comprendre). La tenue la plus spectaculaire semble venir directement d’une autre planète : une jeune femme en costume bleu chatoyant, avec un fil doré tournoyant autour de son visage… étrange et féérique !

   Il n’y a pas que les costumes à regarder 😉 Dans les cages de la salle de jeux, les séances battent leur plein :
   Dans l’une des cages, un homme est allongé, une femme assise sur lui le torture avec un grand sourire. Les cages sur le côté de la piste de danse sont occupées elles aussi, et le bdsm dérape déjà vers des pratiques plus osées !
   ision troublante d’une femme installée sur un banc à fessée, fouillée intimement par son maître, devant une assistance silencieuse et recueillie.
  Je reconnais une amie clouée au pilori, fouettée par un dominant maniant ses deux martinets avec talent. Je m’approche de lui plus tard, lui confiant combien j’aimerais apprendre la technique de la Florentine. Une amie domina renchérit, elle aussi voudrait apprendre ! Notre ami commun sourit, il va proposer un atelier "Florentine" lors d’un prochain goûter du divin marquis ! Excellente idée 😊
  Un ami m’interpelle au passage et me tend un paddle clouté : est-ce que je suis partante pour donner quelques coups en passant à cet homme allongé sur le sol. Je vérifie le consentement du soumis, et m’amuse un instant, avant de retourner à l’aventure, vers le bar, pour commencer.
   Je bute sur quelque chose devant le comptoir. Quelqu’un en fait ! Un homme-paillasson se tient là, allongé, collé au bar. Une femme est debout sur lui, le temps de commander sa boisson. Je lui succède ensuite et piétine allégrement l’homme en attendant ma coupe de champagne. Il semble aux anges, et moi aussi ! Cumuler les plaisirs... J’aimerais bien ensuite profiter d’un petit massage des pieds, mais je ne retrouve plus mon fétichiste préféré croisé plus tôt, et je crains de manquer les shows. En plus, deux amies doivent performer, je voudrais me trouver juste devant la scène. Je me faufile à travers la foule pour ne pas les manquer.

  Je retrouve près de la scène une sublime dominatrice, dotée de pouvoirs magiques, j'en suis sûre. Je la vois, et soudain, tout s’efface autour de moi, le lieu, les gens, et même la musique ; il n’y a plus qu’elle, rayonnante de beauté. Elle m'emmène dans une dimension parallèle dont elle a la clef, et je vis un moment d’éternité devant elle, à tenter de surmonter ma fascination pour lui parler et profiter pleinement de nos retrouvailles. Mais finalement, simplement "goûter" sa présence, une présence solaire, me comble déjà. Elle me considère, le regard pétillant, et me glisse à l’oreille.
  — Mais qu’est-ce que je vais faire de toi ?
   Elle arrange le col de ma robe qui s’est coincé dans mon cou, un geste attentionné, presque tendre, qui devient un moment sensuel teinté de bdsm, avec ses mains qui frôlent mon cou. Elle sourit, énigmatique, un rire au bord des lèvres. Et puis le temps repart, la musique m’envahit à nouveau, la rumeur de la foule bruisse autour de moi... Un membre de l'équipe Dèmonia passe à toute allure et aménage devant nous un chemin pour l'entrée des artistes.

   Le spectacle va commencer !
  Une maîtresse de cérémonie encapuchonnée et vêtue d’une large cape officie. Elle attache sa prisonnière en croix, une jeune femme simplement vêtue de bandes blanches, à deux silhouettes mystérieuses. La jeune prisonnière se débat, avant de se résigner, fermement tenue, prête à être offerte en sacrifice. La sombre magicienne plonge un doigt dans un calice empli de sang, et barbouille le visage, les bras, le corps de sa captive, avant de l’asperger entièrement. La jeune captive ne s’appartient plus ; prise de transe, elle se vautre dans le sang, s’en couvre des pieds à la tête, nous offrant un spectacle à la fois beau et sulfureux. La magicienne appose une marque ensanglantée sur le front de personnes choisies dans l'assistance ; un point, comme son sceau. Allons-nous tous et toutes devenir ses disciples ? C’est fini, les performers saluent le public, et pendant l’ovation, la jeune femme "sacrifiée" pousse un cri, un cri primal, venu des tripes, pour expulser quelque chose, et renaître libérée ! Et nous crions avec elle, plusieurs fois, fort, et cela fait un bien fou !
   Un rituel de sang, une cérémonie primitive, qui nous laisse sous le choc ; on a du mal à poser des mots sur l’événement, on est remués et secoués ! Et c’est bon et excitant ! J’ai envie de rire, un ami a la barbe teintée de sang. Je le taquine : fini pour toi les bises ! Il file au trot se rincer le visage ; il y a des priorités ^^
  Les shows suivants se déroulent sous le signe de l’insouciance et de la légèreté. Nous dansons tout en les regardant : une superbe séance de shibari, et puis des shows fetish burlesques bien délirants et superbes s’enchaînent ! Hasard des mouvements de foule, mon voisin s'avère être mon inconnu du pont Alexandre III. Il est vêtu de latex brillant des pieds et la tête, avec un rôle indéterminé : soumis, dominant ? Un switch ! Nous sommes enchantés de nous retrouver entre switchs, statut flou et jouisseur, de plus en plus assumé et répandu il me semble (alors que c’était un peu "mal vu" avant). Nous profitons du spectacle tout en jouant. Il me procure des petits massages des épaules, du cou, qui dérapent en de mini séances de breath play, griffures et morsures. On chahute et on s’amuse, jusqu’à ce que l’envie de circuler devienne plus forte — je cherche un ami qui n’arrivera jamais ! Et quand on cherche, on trouve, mais souvent autre chose 😉

   J’adore me promener partout, nouer connaissance avec des inconnus, tomber par hasard sur des amis… Je suis tellement heureuse de retrouver tous ces amis réunis – même si certains manquent à l’appel, mais où sont-ils passés ? Plusieurs personnes me remercient, ils ont découvert des soirées grâce à moi, et je rougis sous les compliments ! Très touchée aussi de rencontrer une lectrice qui ne tarit pas d’éloges sur mon roman. Je me sens proche d’elle instantanément, je devine que nous partageons les mêmes fantasmes, et un même goût, paradoxal, pour le BDSM empreint de romantisme. Je résiste à l'envie de m'attarder.
   J’aurais pu continuer éternellement à danser et m’amuser (enfin, jusqu’à l’aube), quand des amis me font cette proposition irrésistible pour une fêtarde curieuse : m’emmener en after !
   S’arracher de la Nuit Dèmonia est un déchirement, mais la curiosité est la plus forte (elle est toujours plus forte que tout), et me pousse dehors dans la nuit tiède avec mes amis. Ambiance road trip dans la voiture ! Une amie programme une musique de feu et raconte plein d'histoires, une autre fouille dans sa valise et se change à l'arrière à côté de moi… c’est comme une soirée entre deux soirées ! – mais ceci est une autre histoire.

      Un immense merci à toute l'équipe Dèmonia pour cette très belle soirée, une organisation au top : l'accueil (bonne idée de nous guider à l'arrivée), le vestiaire, le bar... la musique et les shows, on en redemande !

   J'enrichis dès que possible mon récit avec des photos de la soirée. Hâte de les voir pour la revivre en images !

 

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   Ps : je viens de retrouver au fond de mon sac un flyer tout chiffonné, pris au vestiaire je crois : un flyer sur la fetish week à venir ! Plusieurs jours consacrés au bdsm en octobre prochain, waou !
   - Je n’en sais pas plus pour l’instant, stay tunned 😉


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   Pour en savoir plus sur la Nuit Dèmonia
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