A l'eau de rose
Cet été, je me prélassais dans un jardin public quand une dame fonce sur moi en me tendant deux livres :
– Bonjour ! Vous pouvez les déposer pour moi dans la boîte aux livres s’il vous plaît ? Je suis super mal garée...
– Oui, bien sûr, pas de souci !
Et c'est ainsi que deux livres Harlequin me sont tombés du ciel, remis par une bonne fée blonde et ronde.
Je m'apprête à les déposer dans la boîte comme promis, mais une curiosité mal placée me pousse à en ouvrir un au hasard, et lire le début, juste pour voir. Curiosité de lectrice, d'auteure, envie de lire « à la source », après en avoir tant entendu parler, en bien comme en mal. Je n'en n'ai jamais lu, à part un livre ado, tombé du ciel également, avec une commande par correspondance. Mais j'ai déjà lu des livres HQN, leur collection numérique française, où sont publiés Valéry K.Baran, Gilles Milo-Vacéri, et je les ai beaucoup aimés. Cette fois, j'ai entre les mains du Harlequin pur jus si je puis dire, soft, à l’ancienne. Sans scène érotique, donc ^^.
Je souris devant les premiers clichés qui s'enchaînent, dès le début, et sans le moindre humour hélas :
– L’héroïne au physique en apparence banal, mais à la chevelure de feu et qui remet toujours une mèche de cheveux derrière son oreille. Très jolie en fait, mais sans en avoir conscience, se mettant peu en valeur, ne sachant ni s'habiller, ni se maquiller, malgré sa copine qui la houspille.
- Une héroïne manquant d’assurance, gaffeuse, courageuse, se débattant avec un boulot peu rémunérateur malgré tout son talent, sa finesse d'esprit, et ses qualités de cœur, ayant peu d'expérience en amour, à part un rustre ou deux.
- Sa bonne copine belle comme le jour, habillée à la dernière mode, sophistiquée, très sûre d’elle même au contraire, à l'écoute, donneuse de conseils, pressée et pleine d'énergie... Un personnage assez « lourdingue » en fait.
- L'heureux élu, superbe millionnaire de trente ans, chef d’entreprise ou écrivain à succès, beau, musclé, incompris, taiseux, arrogant parce que blessé, n’ayant eu que des relations avec des filles sublimes et superficielles, mannequins ou starlettes, qui lui ont brisé le cœur.
- Le faux rebondissement au milieu, avec le malentendu qui s'installe faute de communication, et son suspense qui ne trompe personne : une ex débarque, l'homme cache un secret et doit s'absenter quelques jours sans explication, elle est blessée par l'une de ses remarques, mais n'ose se confier et se réfugie dans son mutisme, un événement extérieur l'affecte, mais elle n'ose rien raconter ou s'enferre dans un mensonge, etc... Faux suspense, certes, car on sait que tout finira bien à la fin, mais ça fonctionne quand même ^^
– Le happy-end : le mariage, forcément, sorry pour le spoil ;-) . La demande en tout cas... Mais pourquoi le mariage est-il la panacée du romantisme, aujourd'hui encore !
Bon, je dois arrêter de faire la fine bouche, et reconnaître que j'ai pris plaisir à lire ces histoires d'amour, je les ai même dévorées ! Le temps d'une virée à la plage, hop, j'avais terminé mon premier Harlequin d’une traite sans m’en rendre compte, j'ai enchaîné sur le suivant sans réfléchir. Il ressemblait tellement au premier, mêmes astuces, clichés, etc... que j'ai failli confondre les histoires...
Mais ensuite, légère overdose, j'étais repue de bons sentiments dégoulinants ! Envie de lectures qui claquent !
Elles m'ont quand même donné envie d'écrire des histoires d'amour à l'eau de rose à mon tour. J'ai eu l'idée d'en concocter quelques unes avec, en fil rouge, les plages de la ville de mes vacances (soit trois ou quatre histoires). ça ne se terminera pas par un mariage, il ne sera pas millionnaire, elle ne sera pas une étudiante timide, ou pas toujours ! Mais il y aura de l'amour ! Et un peu d'érotisme...
Photo : Film Lalaland (qui ne respecte pas les codes de la romance par contre, et même les dénonce ), Marc-Antoine K. Phaneuf