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Clarissa Rivière
24 octobre 2020

Vos papiers, s'il vous plaît !

 

policier fetish 2 - D81photos - Evert Leerson

   Le couvre-feu, ce mini-confinement de nos nuits, m'a inspiré une petite histoire.
   - Ceux qui me suivent reconnaîtront sans surprise mon fétichisme de l'uniforme ;-) ce qui me permet d'aborder le métier de policier, sous un angle un peu particulier !

***

   Je me faufile dans les ruelles sombres, espérant passer inaperçue, quand soudain, pas de chance, je tombe sur un policier.
   — Madame, vous savez qu’il y a un couvre-feu à partir de 21h, et il est près de minuit là… Vous avez une dérogation ?
   — Oui, tenez !
   Le policier regarde d’un air soupçonneux mon document.
   — Motif professionnel, vraiment ? Avec ces hauts talons et cette mini-jupe ? Vous plaisantez, ça m'a tout l'air d'une tenue de fête !
   — Je suis blogueuse, j’enquête incognito sur les soirées secrètes et les bars clandestins qui fleurissent depuis l’instauration du couvre-feu. Tenez, voici ma carte !
   — « Les Goûters de Clarissa »… OK, j’irai jeter un coup d’œil, mais pour moi, le goûter c’est l’après-midi, ça ne justifie pas une sortie nocturne… Bon, allez, circulez !

   Je m’enfuis avec soulagement sans demander mon reste ! Je presse le pas, le cœur battant à cent à l’heure. J’ai eu de la chance que ce policier me laisse filer en plein couvre-feu et qu’il ait cru à mon histoire de blogueuse sur le terrain… dire qu’il a gardé ma carte de visite faite maison… il va me retrouver ! Je me force à respirer un grand coup ; on se calme, il retrouvera seulement mon blog… je n’ai pas mis mon adresse dessus, pas folle quand même 😊
   Et que ce serait-il passé s’il avait voulu me fouiller ! Il aurait trouvé sous mon manteau des martinets accrochés à ma ceinture, et sous mon pull, un petit top en cuir avec des clous partout… N’y pensons-plus, tout s’est bien passé, ouf, et maintenant place à la fête ! Youhoo ! Je dois approcher du lieu de rendez-vous…
   Je consulte mon téléphone pour me repérer. On nous a envoyé l’adresse par mail au dernier moment, histoire d’éviter au maximum les fuites. Cool, je ne suis plus très loin, bientôt, je vivrai ma première soirée clandestine ! La prohibition, le retour ! Je suis tellement excitée, et en manque aussi ; ce couvre-feu nous tue.
   Je me retrouve dans une ruelle isolée, j’entends des pas derrière moi, et l’angoisse me serre le cœur. Je me retourne, une silhouette me suit. Elle gagne du terrain. J’hésite à céder à la panique, courir, avant de tenter de me rassurer. C’est sûrement un autre fêtard, car je touche au but d’après Google Map. L’inconnu me talonne, autant voir à qui j’ai affaire, au lieu de m’angoisser ; j’ai vu trop de séries d’horreur, moi ! Je l’attends, le cœur battant à tout rompre.

   Mon policier de tout à l’heure ! Il éclate de rire, ravi de m’avoir joué un mauvais tour.  A la lumière du réverbère, je le vois mieux, son uniforme brille de mille feux. Du vinyl ! C’est un uniforme fetish, il va à la même fête que moi ! J’éclate de rire à mon tour, soulagée et nerveuse. Il me taquine.
   — Vous avez vraiment cru à mon uniforme ? Alors que moi, votre histoire de blog, je n’y ai pas cru du tout, il va falloir peaufiner votre discours… ça ne vous a pas étonnée que je sois seul ? Les policiers vont toujours par deux d’habitude…
   — Heu non, vous savez, quand on se sent coupable, on fait pas trop attention à ce genre de détail. Super votre tenue, en plus j’adore les uniformes !
   — Ah oui, et regardez, j’ai même les menottes… ça vous tente ?
   Il les ouvre d’un grand clic, je secoue la tête en souriant.
   — Non merci, je suis dominatrice en fait…
   J’ouvre mon manteau et exhibe fièrement mes martinets. Ça n’a pas l’air de l’impressionner des masses, il ne lâche pas l'affaire. 
   — Vous n'êtes pas tentée de changer de rôle pour une fois, d’être ma prisonnière le temps de la soirée ? C’est lassant à force, non, tous ces soumis qui rampent à vos pieds, attendent tout de vous…
   — Heu, non, j’aime bien…
   Ses yeux noirs plongent dans les miens, ils ne me lâchent plus, je ne trouve rien à lui dire. Mes jambes vacillent, je chancelle - sûrement ces fichus talons… Il me rattrape par le bras, et je m’entends accepter les menottes, d’une petite voix, sans même prendre le temps de réfléchir.
   Il ne sourit plus quand il entoure mon poignet du cercle de métal, mon bracelet pour la soirée. Il attache l’autre menotte à son poignet.
   — Voilà, nous sommes liés tous les deux ! Et maintenant, je vous emmène dans le cachot le plus sombre pour un interrogatoire poussé !
   Je n’arrive pas à le suivre, il marche trop vite, je vais me tordre la cheville. Il m’emporte dans ses bras sans ralentir le pas, et me chuchote à l’oreille.
   — En vrai, je suis réellement policier, mais ce soir, je suis là pour m’amuser ! Mon truc c’est d’arrêter les voleurs, pas les filles qui veulent danser… alors je compte sur vous pour garder mon secret, promis ?
   Mon nez dans son cou, je lui promets tout ce qu’il veut, et m’abandonne à la poigne de mon vrai-faux policier.

  Ceci est une fiction, mais si certains connaissent des soirées clandestines, des bars secrets, m'écrire via le champs "contacter l'auteur" en haut à droite du blog, histoire que je mène l'enquête sur le terrain pour de bon ;-)

 

  Photo de D81Photos, modèle Evert Leerson

 

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