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Clarissa Rivière
6 avril 2018

Première séance (1/2)

 

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    Je poursuis ma saga en trois volumes : l’initiation d’une journaliste venue enquêter innocemment sur l’univers du bdsm.

    Dans l’épisode 1, Alice interviewe un membre de l’équipe de la boutique Dèmonia, visite les lieux. Troublée par cette découverte, elle a envie d’en savoir plus, et reprend rendez-vous pour « approfondir le sujet ».
    Un docu-fiction écrit en partenariat étroit avec la Boutique Dèmonia (comment ça claque !) que je remercie vivement pour son accueil, les photos, et les réponses à toutes mes questions !

    (Je voulais écrire un petit texte, mais je me suis laissée emporter par mon sujet, ce qui donne une histoire en deux parties, et peut-être trop longue à lire sur un blog, vous me direz...)

***

    Alice tourne et retourne un message dans ses pensées. Elle voudrait écrire à Alex, lui dire qu’elle a envie de le revoir. Elle se mordille les lèvres nerveusement. C’est sans doute un peu tôt encore pour lui écrire, sa visite de la boutique Dèmonia ne date que de la semaine dernière, que va-t-il penser… Elle secoue la tête, elle doit vraiment arrêter ces enfantillages, ce genre de prises de tête ridicules, elle n’a plus quinze ans ! Elle est journaliste professionnelle, elle a besoin de lui pour rédiger son article, et il lui a proposé son aide. Elle ne doit pas hésiter, elle va le contacter, son papier n'avance pas, sa redac’chef commence à la relancer.
    Elle ignore la petite voix qui tente de lui dire quelque chose... il ne s'agit pas uniquement de conscience professionnelle, d'autres raisons sont en jeu, comme un regard perçant et des bras forts, le trouble ressenti quand il lui a bandé les yeux, l’a attachée. Elle aimerait renouveler l’expérience, pourquoi se le cacher ! A-t-elle frissonné de peur, parce que c'était la première fois, ou de plaisir ? Elle n'arrive pas à savoir à quel point cela lui a plu, elle sait juste qu'elle a aimé ces sensations inédites, être prise en main, qu’on s’occupe d’elle... elle voudrait recommencer.
    Alice chasse ces pensées, n'écoute plus que la voix de la raison et ses arguments imparables : si elle veut être crédible dans ses propos sur le bdsm, il lui faut donner de sa personne, expérimenter pour de bon, au lieu de se contenter de paroles en l'air. C’était trop court l’autre fois pour qu’elle réalise vraiment, elle doit se mettre à nouveau dans la peau d’une soumise.
    Elle lui dira qu'il lui faut tester d'autres pratiques pour en parler en toute connaissance de cause, elle doit ressentir, éprouver dans sa chair leurs effets, en douceur comme il l'a fait avec son martinet noir et rouge. Un martinet qui orne à présent son bureau, et dont elle caresse souvent rêveusement les lanières, au grand amusement de ses collègues qui rient sous cape. Ils ne connaissaient pas Alice sous ce jour-là, ça lui met la tête à l'envers ce reportage sur 50 nuances !

    Alice prend une inspiration et envoie son message :
    - Bonjour Alex, merci encore pour notre rendez-vous de jeudi dernier. J'aimerais creuser plusieurs points, je me pose des questions sur certains accessoires. Quand puis-je revenir vous interviewer sans vous déranger ? En fin d'après-midi, cela m'arrangerait mieux. En vous remerciant, etc...
    Ils seraient plus tranquilles à l'approche de la fermeture, et puis, qui sait, une fois tout le monde parti...
    Alex la surprend une fois de plus, simple et direct :
    - Venez à l'heure de la fermeture, comme ça, nous serons seuls.
    Alice minaude, ravie au fond. 
    - Je ne voudrais pas vous faire faire des heures sup' quand même...
    - Pas de souci, ce sera avec plaisir ! Quand vous voulez, prévenez-moi la veille pour être sûre que je sois présent.
    Les pensées en effervescence, Alice préfère en rester là. Elle ferme sa messagerie et se met à tripoter rêveusement son martinet. Il faudra qu'elle pense à le prendre pour lui faire vivre son baptême du feu.

2018-03-16 14    Quelques jours plus tard, Alice se présente devant la boutique fermée et sonne, le cœur battant. Elle se promet de rester sur un plan strictement professionnel, rien dans son attitude ne doit laisser entrevoir son trouble. Elle gardera une parfaite maîtrise d’elle-même, posera ses questions, méthodiquement, justifiera son enquête avec des arguments pro soigneusement préparés… Mais Alex ne lui laisse pas le temps de dérouler ses beaux discours, il bouleverse toutes ses bonnes résolutions. Il l’accueille en lui tendant une mini robe en wetlook, fine comme une seconde peau.
    - Pour comprendre le bdsm, le mieux c’est d'en faire pleinement l'expérience ! Je peux vous décrire des heures les différentes pratiques, la gamme des martinets, leur effet sur la peau.. mais rien ne vaut le fait de l’éprouver soi-même, directement dans son corps. Vous allez enfiler cette robe ! Se mettre dans l’ambiance, se plonger dans l’atmosphère, cela commence par les vêtements, ils nous métamorphosent, nous préparent… ensuite, on peut aussi prévoir des bougies, de l’encens, de la musique classique, c’est selon les goûts… attention à ne pas tomber dans des clichés en en faisant trop. L’essentiel, ce sont les sensations. Vous n'avez rien à faire, vous devez juste me faire confiance et goûter aux plaisirs de l’abandon.

    Alex l'aide à nouer le cordon de sa robe, complète sa tenue en lui mettant un collier de soumise autour du cou, avant de poser un bandeau soyeux sur les yeux, une douce caresse sur son visage qui l’aveugle complètement. Alice apprécie le poids du collier qui enserre son cou, une contrainte légère qui en annonce d'autres. Elle ne voit rien, se retrouve impuissante et n'a d'autre choix que de se laisser porter. Elle s'en remet à son initiateur, attendant son bon vouloir. C'est bon de ne plus surveiller son langage, ses expressions, son attitude, de ne plus se soucier d'être à la hauteur, de ce que l'autre va penser, de n'être plus qu'un jouet entre ses mains, à sa disposition ! Elle doit absolument graver ses impressions dans sa mémoire, ce sentiment unique de ne plus s'appartenir. Elle n'a pas choisi ses vêtements, elle est privée de la vue, un collier symbolise sa condition, elle ne sait pas ce qu'il va lui arriver... le trac lui noue le ventre, mais l'impatience et la curiosité l'emportent, elle se sent en confiance.

    Alex lui prend le bras et la guide vers le fond du magasin. Il l’emmène dans une salle secrète, à l’écart, et retire le bandeau de ses yeux. Alice se retrouve dans une petite pièce toute blanche, claire, une immense croix de Saint-André occupe tout le mur du fond.
    - C’est le studio photo de Pierre, c’est là qu’il prend toutes ses belles photos pour le site, le blog, le calendrier... Je vais vous bander les yeux à nouveau, on s’imprègne mieux des sensations quand on ne voit rien. Si vous ne vous sentez pas bien, dites-le moi tout de suite, n’hésitez pas à me parler de vos ressentis, je m’adapterai, mon but est de vous faire découvrir les plaisirs du bdsm, de vous les faire aimer peut-être, alors on va y aller en douceur…
    - On prévoit un safe word ?
    - Si vous voulez… je préfère que l’on reste connectés, guetter vos réactions, regarder votre peau se colorer, les expressions de votre visage... un safe word signe la fin de la séance. Ne vous inquiétez pas, je lirai sur votre visage à livre ouvert… cependant si vous y tenez, on peut en prévoir un...
    Alice prend sa respiration, d''autres soucis la préoccupent.
    - Vous allez me faire tester le fouet aussi ?
    - On manque de recul dans cette pièce... si vous y tenez, il faudrait vous rendre dans certaines soirées.
    - Comme la nuit Dèmonia ?
    - La nuit Dèmonia est idéale pour découvrir le milieu fétish et une partie du monde bdsm, mais la pratique du fouet nécessite beaucoup de place et mille cinq cents personnes, cela représente beaucoup de monde, trop pour une véritable séance de fouet, même si on en voit parfois à la Nuit Dèmonia. D'autres soirées plus intimistes seront mieux adaptées, nous en reparlerons si vous voulez. En attendant, je vous propose de reprendre là où l’on s’est arrêtés la dernière fois, avec le martinet en daim, celui que vous avez acheté de mémoire, car c'est un martinet "warm-up" idéal pour les début de séance. Vous avez peut-être même eu l’occasion de vous en servir ? Puis, je vous ferai goûter à quelques-uns des autres produits de la maison...

   Alice ne répond pas, concentrée sur les frôlements des lanières du martinet sur sa peau. Elle tente de prendre du recul, d’analyser le flot d'émotions qui la submergent, la tempête de ces pensées, les frissons de son cœur, avant de renoncer et de prendre de plein fouet les vagues de sensations dans tout son corps. Être privée de la vue exacerbe ses autres sens, elle perçoit le souffle d’Alex alors qu’il prend son élan avec le martinet, le bruit des lanières qui s'abattent sur ses reins. Le temps n'existe plus, elle sent qu'elle sombre peu à peu dans un rêve éveillé.

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    Alex s'interrompt. Bruits de cliquetis de menottes autour de ses poignets, de chaînes cognant contre le bois de la croix. Il écarte ses bras menottés, les attache aux anneaux en métal situés aux extrémités de la croix et prévus à cet effet. Le rituel de la croix, le bdsm emprunte tant à la religion ! C’est sa dernière pensée consciente avant de lâcher prise et d'offrir son dos, ses fesses, ses jambes, aux morsures des lanières du martinet. La voix d'Alex la ramène brusquement à la réalité.
    – Vous êtes prête à supporter des sensations un peu plus fortes ?
    Alice frémit, elle se raidit malgré elle. Elle éprouve déjà tant de choses, elle n'est pas certaine de vouloir aller plus loin.
    - Vous me semblez un peu tendue... il faut se détendre pour profiter d'une séance... j’ai une idée avant de passer aux choses sérieuses ! Ne vous inquiétez pas, vous n’aurez pas besoin de safe word pour ce qui va suivre. Je vais vous retourner et vous attacher dos à la croix à présent.

    Un petit moteur se met en marche, un doux vrombissement se fait entendre... un sextoy ! Il est placé au bon endroit, et Alice reconnaît aussitôt un Womanizer, même si elle ne l'a jamais testé. C'est plus doux, plus précis qu'un sextoy traditionnel. Infiniment plus efficace... Ne rien voir lui permet d'oublier l'environnement, l'inconnu qui manie l'engin ; elle s'abandonne à ses sensations, au plaisir qui monte, irrésistible, jusqu’à exploser, un orgasme qui déferle dans son corps, plus fort que jamais car elle est attachée, et ne peut se tordre en tous sens à sa guise. Whaow, elle doit absolument s'acheter cet appareil !

 2018-03-16 14   La jouissance lui a toujours donné une folle envie de faire l’amour, et cette fois c'est pire encore ! Rien ne peut calmer son excitation, elle voudrait être prise, pénétrée, aimée passionnément... La frustration l’envahit, elle est liée, n'arrive pas à libérer ses mains, impossible d'attraper son tortionnaire. Si elle ne peut être prise, alors, elle appelle les coups de tous ses vœux, plus fort, encore plus fort, qu’ils calment enfin son désir inassouvi. Elle est prête à être cravachée à mort, les coups de cravache remplaceront les coups de reins, compenseront le manque, l'absence de verge cognant dans son sexe... tout pour apaiser ce désir qui la brûle vive, oui, rajouter d'autres brûlures sur sa peau, et être comblée, enfin.

    Elle bascule dans une autre dimension et s'y perd tout à fait, un univers de sensations pures, il n’y a plus de temps, de lieu ; il la frappe doucement, fermement, pour l’éternité, de façon hypnotique.
    Alex se tait, il la laisse voyager, partir loin, perdre conscience avec la réalité pour profiter des flots d’émotions bienheureuses qui l'envahissent, des endorphines se libèrent, jaillissent en un torrent, et l’emmènent dans un monde où douleur et plaisir se confondent. Il la guide en douceur sur ce chemin exigeant, varie les instruments, monte peu à peu en puissance, lui fait éprouver des souffrances de plus en plus intenses.

 

A suivre ici...

 

    Photo en noir et Blanc : Boutique Dèmonia, Photos en couleurs prises chez Dèmonia, avec leur aimable autorisation

 

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