Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Clarissa Rivière
17 décembre 2013

Tournage d'un film X

 131216 175

    Etre bloggeuse érotique, c’est aussi prendre des risques. Ce n’est pas seulement frissonner sous la couette un bon livre à la main. Il faut parfois se rendre sur le terrain, se documenter, voir de ses propres yeux, échanger, donner de sa personne... Se jeter dans la gueule du loup.

 ***

     Quand on écrit une critique de Pornstar (d’Anthony Sitruk, qui vient de paraître aux Editions de la Musardine), quelques effets secondaires imprévus (mais non déplaisants ;-) peuvent survenir.

    On m’a proposé d’assister au tournage d’une scène de film X, et, n’écoutant que mon courage, ma curiosité, je n’ai pas hésité à dire oui. J’étais quand même légèrement inquiète (je n’ai jamais réussi à regarder un film X plus de deux minutes, et encore, à travers mes doigts). J’ai finalement passé une très bonne soirée ! Il est bien plus agréable d’avoir une vue d’ensemble, sans les gros plans pénibles des films X (enfin, pénibles pour moi, une femme ;-).

 

    Le cœur battant, je rejoins ce lieu tenu secret jusqu’à la dernière minute. Nous sommes chaleureusement accueillis par l’organisateur et invités à pénétrer dans une grande salle bien chauffée, décorée d’objets anciens. Elle ressemble à un restaurant avec son comptoir de bar et ses tables, mais de nombreuses chaises sont soigneusement disposées devant la scène. Je devrais dire le lit plutôt, immense, trônant à la hauteur de nos yeux.

    L’attente précédant le début du tournage est l’occasion de discuter avec un expert du X, Anthony Sitruk, auteur et co-fondateur du site X-intime (si vous vous posez des questions sur les motivations des acteurs, leurs parcours, leurs projets, ne manquez pas les savoureuses interviews en ligne). Le temps passe à la vitesse de l’éclair : récits de tournage, souvenirs nostalgiques, ragots divers…  Il me dresse un portrait sombre du X, si bien évoqué dans son livre. L’âge d’or est bien révolu, fini les longs tournages, les scénarios soignés, les décors somptueux des années 70, 80. A présent, avec les vidéos gratuites qui ont envahi le net, les tournages ne durent plus que deux ou trois jours faute de budget. Les stars se font rares, remplacées par des jeunes filles qui ne restent que quelques mois dans le circuit.

    Le photographe de la soirée, Flesh, nous rejoint et confirme ce lent déclin que rien ne semble devoir enrayer… Sauf peut-être l’initiative du Théâtre Suçoir ? Car la salle est comble ce soir, la formule remporte un franc succès !

    Passionnée par leurs propos, je n’ai plus le temps de goûter le couscous offert, je me contente de déguster une coupe de champagne qui me tourne aussitôt la tête.  

     La salle se remplit, toutes les places sont occupées, une centaine environ. Il y a quelques couples, avec une grande majorité d’hommes on s'en serait doutés. Tous les âges, tous les styles sont représentés. Deux tables VIP encadrent la scène, de superbes actrices X chouchoutent les heureux élus qui y sont conviés. Nous reconnaissons Joey Starr, de NTM.  

    Tout le monde fume allégrement. Le brouillard des fumées, leurs odeurs, renforcent encore l’impression d’interdit, l’impression d’assister à une soirée spéciale, privée. 

    Deux jolies jeunes filles entrent soudain dans la salle, vêtues en mères noël, dans une tenue coquine à souhait, et grimpent sur le lit. Elles se déshabillent aussitôt, se caressent, s’embrassent, avec affection, complicité, joie de vivre…  il leur manque peut-être la lenteur, la sensualité… tout ce qui permet de sentir la montée du désir... On est plutôt en présence de deux jeunes étudiantes qui jouent et chahutent entre elles, et provoquent le public, l’apostrophent. Elles sont très belles, paraissent très à l’aise et semblent bien s’amuser. Elles nous lancent des regards espiègles et recherchent nos encouragements. Les préliminaires sont réduits au minimum, et les deux actrices se lancent bientôt dans des pratiques plus explicites.

    L’ambiance est détendue, bon enfant, et l’arrivée du mâle ne change rien. Il se mêle au duo avec naturel. Contrairement aux jeunes femmes, lui garde son sérieux et sa concentration, et ne semble pas s’amuser autant. Il ne nous regarde pas, ne sourit pas, reste dur, dressé pendant toute la séquence, au service de ces dames. J’imagine qu’il ne doit pas être facile pour lui d’agir en pleine lumière, devant un public. Le caméraman virevolte autour d’eux, en caméra rapprochée, pendant que les jeunes gens se livrent à une chorégraphie compliquée, un enchaînement de positions, toute une gymnastique plus axée sur la performance que sur l’érotisme. Je suis impressionnée par l’aisance des filles, la nonchalance de l’acteur et son sexe infatigable qui répond toujours présent et alterne ses va-et-vient sans relâche entre les deux actrices.

131216 176

    Il est tard, il est temps de rentrer, je me sens un peu secouée d’avoir vu des gens faire l’amour, si près de moi, sous la lumière crue des projecteurs. Je suis un peu décontenancée par l’ambiance amicale et bon enfant de la soirée, je m'attendais à quelque chose de plus glauque, de plus sérieux, au lieu de ce show coloré, enthousiaste, joyeux et plein d'entrain. Une très bonne surprise !

 

 

Si vous aussi vous souhaitez vivre cette expérience, tous les renseignements sont sur le site du Théâtre Suçoir

 Et pour tout savoir sur le cinéma X, le site qui fait référence : X-intime

 

 

Photos : Clarissa (d'autres photos, bien plus osées, sont sur le site du Théâtre)

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Sinon, pour rebondir sur le (long) message de Flesh (va falloir apprendre à faire court, Flesh !!!! :) ), c'est un milieu finalement assez similaire aux autres. On y trouve des gens honnêtes ou pas, des gens intelligents ou pas, des gens travailleurs ou pas. Là aussi, tristement mais logiquement, une sélection s'opère assez rapidement et les plus débiles dégagent au bout de quelques scènes, tout simplement parce qu'elles n'auront pas réussi à transformer l'essai et à se faire un nom. Dans le X comme ailleurs, seules les plus intelligentes réussissent. J'insiste sur le féminin : pour les hommes c'est un peu différent. Il leur suffit de bien bander, en toute circonstance, et d'être un sérieux. Ce qui n'est pas forcément donné à tout le monde.
Répondre
F
Bonjour à tous et à toutes. Vos commentaires sont passionnants je trouve et font bien plaisir à lire. Je me permets à mon tour de partager mon avis à ce sujet, et d’abord je remercie Clarissa pour sa chronique fort belle. J’ai eu le privilège (et le plaisir !) d’avoir photographié quasiment toutes les éditions du Théâtre Suçoir dont il est question ici, tout autant que celui d’avoir été photographe de plateau ou journaliste sur une cinquantaine de tournages pornographiques pros (ce qui est peu comparé à la plupart des techniciens qui y gravitent mais j’ai exercé ces activités en parallèle de mon métier, depuis huit ans environ, afin d’assouvir la curiosité passionnée que j’ai pour ses actrices et ce qu’elles font depuis que j’ai découvert le porno lors de mon adolescence). Cela me permet, certes subjectivement, de pouvoir comparer un peu tout ce qu’on peut y voir en coulisse.<br /> <br /> Etre hardeur pour un mec, croyez-moi (j’ai d’ailleurs essayé il y a quelques années à plusieurs reprises avant de devoir baisser l’éponge tant bien le faire était hors de ma portée) c'est vraiment exercer un boulot difficile ! Les acteurs n’ont à l’écran pas toujours l’air d’être d’une extrême délicatesse, certes...mais, en règle général, ils sont bien au contraire et c’est heureux naturellement respectueux de leurs partenaires, avec qui ils travaillent régulièrement (je parle surtout des acteurs professionnels, qui ont plus l'habitude) Bon, il y a comme partout des exceptions ...Au Théâtre Suçoir en tout cas, ce sont toujours des acteurs et des actrices expérimenté(e)s qui d'ailleurs ont en général déjà travaillé ensembles et connaissent les préférences de l'autre. Il en résulte une bonne alchimie en tout cas d'après les retours que j'ai pu avoir des actrices, et comme le dit Clarissa, leur plaisir de travailler ensembles n’est pas du chiqué et cela se voit sur scène. En ce qui concerne le X, en tout cas en France, beaucoup de mecs sont prêts à tourner gratuitement pour réaliser le fantasme de coucher avec une actrice. Mais les actrices - souvent exigeantes à juste titre - ne passent en général pas un bon moment avec ce genre d'amateurs et ils sont de fait peu recherchés par les réalisateurs pros hormis si le contexte s'y prête (il y a un vrai marché pour les produits simulant le relatif amateurisme de la vie réelle, et une des combinaisons gagnantes est de faire tourner un fan - un amateur donc - avec son actrice fétiche par exemple - je l'ai fait une fois d'ailleurs une formidable expérience un peu magique pour moi à l’époque … - ). Seuls les acteurs professionnels, et donc payés, comme au théâtre bien sûr, ont l'expérience nécessaire pour bien se comporter envers elles. Ils ont aussi plus l'habitude des pénétrations devant caméra et ont moins de panne érectile, un gros problème potentiel pour les actrices dont une des terreurs est de tomber sur une panne de leur partenaire qui ruinerait l'intérêt de la scène. Je ne pense pas que des amateurs seraient très à l'aise devant un public de 30 personnes et plus ! Cela ne donnerait pas une scène agréable à regarder pour le public, et encore moins à vivre pour les actrices. Souvent les acteurs professionnels – sauf exceptions – démarrent leur carrière en amateurs. S’ils deviennent pros, c’est parce qu’ils arrivent à conjuguer avec brio trois conditions : ils sont performants (cela va de pair avec une bonne condition physique, une rigueur hygiénique, et souvent une certaine beauté plastique), évoluent dans le métier de façon professionnels et avant tout ont envie d’exercer cette activité. Il faut sans doute également une bonne dose de chance car nombreux sont les candidats. Lorsqu'un débutant tourne beaucoup et longtemps et en redemande tout en impressionnant suffisamment les réalisateurs avec qui il collabore pour devenir incontournable, alors il peut légitimement se considérer comme un hardeur pro. On en compte une vingtaine en France en activité, pas d'avantage, et encore je vois large, pour une cinquantaine d'actrice expérimentée environ (il y a beaucoup de turn overs et de nombreuses débutantes n'y font qu'un bref passage). A noter aussi que les réalisateurs les plus pros ne tournent qu’avec des actrices et des acteurs professionnels (et bien évidemment rémunérés en conséquence). A ce niveau, la plupart des acteurs s’étant produit – à de rares exceptions – Au Théâtre Suçoir, ont de nombreuses années d’expériences et plusieurs centaines de tournages à leurs compteurs. C'est ce qui leur permet de nous offrir ainsi fort joliment leurs ébats et leurs performances, avec parfois des surprises imprévues, selon leur inspiration du moment : acrobaties improbables en plein coït, ou pourquoi pas un petit séjour coquin - mais distant - du couple de pros sur les genou d'un spectateur ou d'une spectatrice - l'une d'entre elle, venant régulièrement avec son mari bien qu'ils habitent en province assez loin de Paris, m'a confié avoir très apprécié ce moment qui avait contribué à lui donner envie de revenir la fois suivante, puis encore ensuite hihi Si des habitué(e)s reviennent comme elle régulièrement nous voir, c'est autant pour (ré)assister à ces scènes que pour passer une bonne soirée en notre compagnie à tous. Je suis présent depuis le début et pas une seule fois je n'ai vu un spectateur ou une spectatrice regretter le déplacement. Si cela vous intéresse, n'hésitez donc pas à vous faire comme Clarissa votre propre opinion sur place ! Vous y serez les bienvenus en tout cas et Jean-Luc l'organisateur fera de son mieux pour vous faire passer une soirée agréable et inoubliable :)
Répondre
I
Expérience déconcertante. Je crois que j'aurais aimé. Je vais donc me renseigner un peu plus sur le Théâtre Suçoir... lors d'une prochaine escapade parisienne, peut-être :-)
Répondre
J
j'aurais été très mal alaise, je suis loin d'être pudique mais non, ça je ne pourrais pas, je me sentirais vieux pervers
Répondre
P
Telle wonderwomen ou super jaimie. n'écoutant que son courage et plus certainement ses fantasmes , clarissa observa les rites sexuels d'inconnus en trampant ses lèvres dans son champagne... on sent bien la novice ......
Répondre
Publicité
Clarissa Rivière
Newsletter
Archives
Publicité